La question du positionnement de l’élève vis à vis de l’instrument me semble être la base essentielle d’un bon apprentissage, et l’objet d’énormément d’atten-
tion, dès la première leçon. Il faut bien entendu tenir compte de la difficulté des enfants à « tenir » leur dos en étant assis (la hauteur de la chaise, ainsi que le
réglage du repose-pied, à cet égard, doivent faire l’objet d’une grande attention tout au long de la croissance de l’enfant), et cet apprentissage prend du temps.
Malgré tout, l’apprenti musicien, au même titre que l’apprenti danseur, sert de son corps comme d’un outil, et la responsabilité du professeur est immense
quant à l’intégrité de cet outil. La répétition systématique d’un geste en contraditiction avec la physiologie d’un élève est non seulement un frein dans
sa progression (d’autant que la douleur ne fait pas bon ménage avec la motivation), mais est en plus à même de provoquer des lésions musculaires durables
(tendinites, douleurs dans le dos etc.). Par ailleurs, « une bonne posture » (ce qui ne signifie pas une posture type, mais au contraire, le positionnement
le plus adapté possible à la physiologie de chaque élève), permet de faciliter la respiration et le détente des membres, et, de ce fait, de libérer le mouve-
ment. Un travail dans la crispation est improductif car il se base uniquement sur le réflexe et annihile toute sensation pouvant servir de repère pour la
reproduction du même geste. Il est également un frein à la précision puisque, de par sa spontanéité, il annule toute possibilité d’anticipation. Il ne s’agit
pas ici de prôner la conscientisation systématique du moindre geste, mais de construire, par la détente, le nid d’une spontanéité maîtrisable.
La recherche d’une posture « juste » est pour moi le premier pas vers le toucher, qui est, à mon sens, le sens vraiment indispensable avec l’ouïe à
l’apprentissage de la guitare. Savoir cibler la douleur et déterminer sa cause est essentiel dans la quête de l’autonomie, et est un outil moteur dans la part
d’apprentissage « à la maison ». Non seulement cela permet une plus grande endurance, mais en plus cela permet de réfléchir par soi-même aux solutions
visant à annihiler les crispations. Le professeur ne peut pas savoir ce qu’éprouve l’élève dans l’instant (même si son vécu lui permet d’en avoir une idée, et que
l’attitude de l’élève lui permet d’identifier un problème éventuel) : il est donc nécessaire de mener l’élève à une grande acuité vis à vis de son ressenti, et des
réactions physiques au contact d’un instrument aussi volumineux que la guitare.
Dans la mesure du possible, une rencontre autour de la guitare entre l’élève et un kinésithérapeute une fois par an me paraît être une très bonne chose afin
d’expliquer à l’apprenti guitariste en quoi certains efforts sont nécessaires quant à son positionnement avec l’instrument.